Pour une surprise, c’est une surprise.
Voilà une série qui aurait pu être banale : Cootie, un jeune afro-américain de 4m qui vit caché du monde avec ses parents décide de s’émanciper et de se faire connaître du monde.
On peut suivre son évolution, sa rencontre avec des jeunes de son âge qui deviennent ses amis et évidement le parcours de séduction et l’eveil de sa sexualité menant à la petite amie : Flora
Tout cela sur fond de pouvoirs surnaturels et d’intervention de héros.

Mais Boots Riley en a décidé autrement.
Au lieu de présenter des supers héros qui se servent de leurs pouvoirs pour faire le bien (ou le mal, ou les deux…) comme dans toutes les séries de ce calibre, il s’intéresse à la politique de la société qu’ils pourraient façonner.
Le superpouvoir n’est ni un don ni une malédiction. C’est un état de fait au service d’une problématique plus large.
Il fait ainsi de son personnage un prétexte permettant de remettre en cause les valeurs du rêve Américain.

Le hasard de l’injustice et des préjugés oppose Cootie et ses Super-amis au « Héros » : Un personnage défraichi et désabusé qui utilise la loi pour défendre ses intérêts propres et ceux d’une société de consommation fondée sur l’injustice, l’inhumanité et dans laquelle prime l’individualisme, le profit, et le cynisme.
Il s’agit d’une critique du modèle capitaliste americain.

La violence intervient peu dans l’action des protagonistes : le géant noir ne remporte aucune victoire par la force et c’est Jones, un personnage qui a le pouvoir d’enseigner en image (une véritable animation de schéma apparait pour soutenir son propos) qui va vaincre le héros en lui imposant la théorie d’une humanité fondée sur le partage des richesses, la reconnaissance commune et l’urgence d’un retour des valeurs humaines et altruistes.
Bref elle le décourage en lui opposant un idéal communiste.

J’ai beaucoup aimé ce parti-pris et cet échange de points de vue qui fait sortir la série de super héros des sentiers battus.
Même si le genre a connu une évolution (Comme les personnages de « héros » qui deviennent très humains et nous montrent leur face caché, intéressée, pervertie de Super-héros),
l’errance de Cootie et de Flora (qui ne sont ni des anti-héros ni des ados complexés cherchant à s’affirmer) est vraiment atypique.

J’ai surtout aimé la scène d’amour de l’épisode 4 qui révèle d’une grande originalité et s’assume totalement décomplexée, sans tabou ni blocage psychologique pleurnichard.

Une série à regarder ne serait-ce que par curiosité. Et puis, elle ne dure que 3 heures...