Cette série se fait fi de tous les tabous. C'est tendre et grivois, profond et impudique.
La série aborde sans complexe et par un biais totalement inattendu le sujet des fantasmes de femmes d'un certain âge.
Elle le fait sans complexe, sans suggestivité mais sans vulgarité non plus.
L'exercice est magnifique, il allie la sensibilité, l'humour et la sensualité.

Le thème est d’autant plus étonnant que, dans notre société, on préfère taire les désirs des seniors, castrer leur sexualité ignorer que les femmes âgées puissent encore avoir des phantasmes.

Alphonse, le prostitué-assistant social, sous des dehors de fanatique sexuel, découvre les failles secrètes, les quêtes éperdues, les attachements.

C’est là une grande leçon d'humanité :
c'est la réhabilitation de la vieillarde dans une société qui lui réserve traditionnellement un place en EPAD pour qu'elle y fasse du tricot ou des gâteaux secs.
Alphonse leur refait découvrir la tarte aux poiles, le désir profond et le plaisir magnifique qui fait que la vieille ne prend pas gare au gorille mais l’appelle de tous ses vœux.

C'est un grand moment de cinéma car en plus d'être profondément humains, les épisodes se déroulent au grès du jeu de très grands acteurs et d'un scénariste dôle et terriblement juste.

Il faut dire que Nicolas Bedos n'en est pas à son coup d'essai :
Le thème de la sexualité sénior il l'avait déjà titillé dans "Les Fantasmes" et surtout "La belle époque".

"Alphonse" est une évolution, une continuité qui quête le désir de petite mort chez ceux que l'on ne croit plus en vie.